Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime.
Il fut un temps où je collectionnais les poupées. J’en avais de toute taille, de toute forme, de toute couleur de peau. Après m’être mise au minimalisme, je me suis séparée de toutes sauf d’une : la poupée Gorjuss « The Frock ».
Même si elle n’était pas la plus jolie de ma collection, ni la plus sophistiquée, ni la plus cher, c’était et c’est toujours ma préférée. J’ai beaucoup de compassion pour son visage sans bouche pour s’exprimer. Lorsque j’étais enfant et que ma mère s’est remariée, il n’était pas bienvenu de s’exprimer, ni d’exprimer ses émotions en présence de mon beau-père.
C’était un homme imposant, qui parlait fort, et personne n’avait le droit de le contredire sans quoi il élevait encore plus la voix. Si vous exprimiez de la colère envers lui, elle vous revenait immédiatement en effet boomerang et encore plus puissante, parfois avec des mots, parfois avec des gestes. Si vous vouliez évacuer votre tristesse naturellement par des pleurs, vous receviez des réflexions telles que « vas-y pleures, tu pisseras moins » ou « arrêtes ton cinéma ».
Pour m’adapter à ce genre d’environnement et limiter les dégâts extérieurs, j’ai dû apprendre à me taire et à faire taire mes émotions.
Les dégâts se sont alors retrouvés à l‘intérieur.