Pourquoi moi ?
C’est une question que je me suis beaucoup posée, notamment lorsque j’ai appris que l’origine de l’endométriose pouvait être en lien avec les perturbateurs endocriniens. Ma mère a travaillé pendant de nombreuses années pour Tupperware, c’est donc tout naturellement que nous cuisinions dans du plastique, nous réchauffions dans du plastique, nous conservions dans du plastique, sans parler de la batterie de poêles Téfal avec leur revêtement très controversé que nous utilisions aussi.
Mais dans ce cas, comment expliquer que ma petite sœur, qui mangeait et vivait dans le même environnement que moi, n’ait pas développé d’endométriose ?
J’ai trouvé un début de réponse en recherchant ce que pouvait représenter l’origine d’une endométriose, symboliquement. Et tout comme il y a de nombreuses théories scientifiques, il y a de nombreuses théories symboliques. Celle qui me correspond le plus est celle-ci : les cellules endométriales ne se sentent pas en sécurité dans leur foyer-utérus, alors elles décident de s’échapper de leur foyer.
C’est ce qui s’est passé à de nombreuses reprises lorsque j’étais enfant : mon père, bienveillant avec ses 2 filles, pouvait parfois entrer dans des colères monstrueuses avec ma mère, pendant lesquels il frappait les murs et les portes, imprimant ses marques de violence dans notre foyer. Un soir, n’en pouvant plus d’entendre ses hurlements, du haut de mes 4 ou 5 ans, je suis partie dans la nuit noire avec seulement ma chemise de nuit. Mes pieds s’écorchaient sur les graviers, mais je me sentais beaucoup plus apaisée et en sécurité que dans ma maison à ce moment-là.
Mes parents ont fini par divorcer et ma mère a obtenu notre garde car mon père était au chômage et SDF. Puis elle s’est remariée, et un nouvel homme est entré dans notre foyer : un beau-père, 14 ans plus âgé que ma mère, avec un travail, un appartement, droit, honnête, avec 2 grands enfants qui n’avaient pas décroché de leurs études, bref l’inverse des 2 premiers maris de ma mère et de ses 2 premiers enfants, lui s’aurait nous élever correctement ma petite sœur et moi.
Mais l’homme parfait était aussi un ancien de la marine, rigide, perfectionniste, punitif. Contrairement à mon père, déverser sa colère sur ma mère n’était pas suffisant pour lui, il avait aussi besoin de la déverser sur nous. Il trouvait toujours une occasion d’être contrarié, rien n’était jamais assez bien pour lui, et il semblait vouloir nous dresser ma sœur et moi à coup d’injonctions, de punitions, de menaces et de chantages. Comble de l’ironie, il disait faire cela par amour, pour notre bien. Alors évidemment il est devenu urgent pour moi de quitter ce foyer, définitivement.
Le juge pour enfant avait autorisé mon père à récupérer ma garde à mes 13 ans, à condition d’avoir retrouvé un emploi et un toit. Ce ne fût pas le cas, et un an après, tout espoir de quitter ce foyer toxique fût anéanti par sa crise cardiaque.
Ma mère passa de moins en moins de temps à la maison, travaillant de plus en plus, laissant notre beau-père à la retraite le soin de s’occuper de nous. Je fis d’autres petites fugues, notamment la nuit de mes 18 ans, après m’être pris une gifle à minuit en guise de cadeau d’anniversaire. À 19 ans je fus admise à l’IUT de Toulouse, et je pus enfin mettre 900 km de distance entre mon foyer et moi.
Alors oui, pour moi les douleurs et l’endométriose ont été l’expression physique de mon souhait de fuir mon foyer, et le plus gros perturbateur endocrinien qui a infecté ma santé physique et mentale, c’est notre beau-père. Ma sœur a su trouver d’autres échappatoires pour supporter la situation, et ne pas développer de maladie chronique, notamment grâce à la drogue.
✨ et elles vécurent heureuses, et n’eurent aucun enfant pour ne pas transmettre leurs blessures à leur descendance ✨
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