L'homme dispose, la femme indispose.
J’avais 7 ans la toute première fois que j’ai appris qu’un homme pouvait disposer de mon corps comme il le souhaitait.
C’était en été, je portais une robe et prenais le goûter, ma petite soeur de 3 ans avec mon père assis en face de moi, et un ami de mon père assis à côté de moi. Cet ami a commencé à me caresser la cuisse sous la table, en continuant de discuter avec mon père, comme si de rien n’était. Je n’aimais pas ça alors j’ai enlevé sa main, mais il l’a remise, je l’ai enlevé de nouveau, etc.
Mon père ne disait rien, mais j’étais certaine qu’il avait remarqué ce qu’il se passait. J’ai quitté la table pour me réfugier dans le jardin sur ma balançoire, en attendant qu’il parte de chez nous.
Lorsqu’il est enfin parti, je suis allée voir mon père pour lui expliquer ce qu’il s’était passé, et sa réponse me fit plus mal que les caresses forcées de son ami : « oui mais tu comprends, sa femme vient de le quitter ».
Mon père avait donc bien vu ce qui se déroulait sous la table, et il cautionnait cela : cet homme d’une quarantaine d’années est triste parce que sa femme l’a quitté, il a donc le droit de se remonter le moral en caressant ma fille de 7 ans… Sur le moment, ça n’avait aucun sens car, comme tout bon père qui se respecte, il avait toujours été attentionné et veillé sur mon bien-être, j’étais sa princesse, qu’il avait inscrite à des cours de karaté pour devenir une femme forte qui puisse se défendre en cas de besoin.
Bien des années plus tard, j’ai appris que mon père avait violé ma demi-soeur, et que ce dont il essayait de me protéger, c’était aussi de lui-même.